16 choses que j'aurais voulu savoir avant de travailler à la maison avec mon petit garçon
This post is the French version of this one : Things I would have loved to know when I was a mom working from home
Pendant toute la période où je publiais des livres pour enfants, j’ai travaillé, seule dans mon atelier avec un petit garçon. Pas de famille dans le pays, très peu de garderie, plus tard pas de maternelle publique, et ensuite l’école s’arrêtait en début d’après midi. Fils d’émigrés, un peu délaissé par ses professeurs, c’est moi qui lui ai appris à lire et à écrire dans une langue qui n’était pas la mienne - et qui en ai fait un bon élève. Heureusement mon conjoint, même s’il travaillait souvent tard et voyageait beaucoup, était (et est toujours) très présent dans l’éducation de son fils, sinon ça aurait été vraiment difficile.
J’ai appris un peu à l’arrache, comme vous sûrement en ce moment, et il y a des choses que j’aurais bien aimé savoir avant de faire des bêtises.
La plupart du temps on s’en est tiré comme des chefs, même la fois ou mon petit Bu en a eu marre. Il s’est amusé à envoyer ses lapins en peluche sur mon écran, à la grande surprise de mon éditrice qui, à l’autre bout du monde, s’est jetée en dehors de sa chaise pour les éviter.
C’était dur. Parfois, après l’avoir couché, je m’endormais à moitié sur mon bureau en essayant de tirer quelques heures de plus, enfin seule. On s’en est très bien tirés. J’y ai gagné une superbe relation avec mon fils, un respect mutuel, et surtout la possibilité de l’éduquer à ma façon et à son rythme, une chance folle.
Je parle peu de ça. D’abord c’était difficile, et je n’aime pas me plaindre. Ensuite c’était un choix, pas courant, mais un choix. Ma famille et mes amis ne faisaient pas vraiment la différence entre “travailler à la maison” et “mère au foyer” : les deux sont débordées, la première a deux fois plus de boulot. Mais j’ai gagné une expertise inattendue…et étonnamment aujourd’hui ça pourrait être utile à beaucoup d’entre vous (n’hésitez pas à partager).
Vous voudrez peut-être adapter à votre sauce, chaque famille est différente, mais voici ce que j’aurais voulu savoir dès le début:
Travaillez tous dans la même pièce. Si vous êtes deux adultes avec de la place vous pouvez partager, mais expliquez bien que ça n’est pas pour vous débarrassez pas d’eux. C’est plus gentil. Soyez gentils, ça aide énormément. Etre dans la même pièce, on fait moins l’andouille, ça évite les accidents, et surtout, dès qu’il y a une bonne ambiance de travail calme, ça roule, on suit l’exemple. Jusqu’à la préadolescence tout ce que vous faites les intéresse, et travailler comme les parents, quelle balle, on fait attention.
On organise l’espace pour tous. Installez bureaux, petites tables et faites de la place dans les etagères basses pour leurs livres , jouets éducatifs et materiel scolaire. Nous avons sacrifié la notion de salon salle à manger, très longtemps, faute de place, pour des pieces mixtes avec des bureaux dans les coins. Ma bibliothèque de travail avait des tiroirs à joujoux… J’avais calculé les angles de caméra pour les teléconférences, de telle sorte qu’on ne voyait pas le chantier, ou le petit lit installé juste derriere moi en cas de maladie. Prévoyez de ranger tous les soirs avec eux, c’est un bon rituel et ça permet de partir du bon pied le lendemain.
Justement, pour les téléconférences, procurez-vous des écouteurs avec un micro. J’aime bien les écouteurs de téléphone pour ça, peu visibles et qui ne me donnent pas l’air d’un pilote d’avion, c’est plus convivial. Vous pourrez couvrir le micro en cas de bruit. Vous entendrez mieux, pas besoin de crier. Et une demi conversation sur un ton calme c’est tellement mieux pour un enfant. Déjà, ils adorent votre voix, et si vous êtes calmes et à l’aise, ils le seront plus facilement eux aussi.
Soudoyez-les honteusement avant de parler en ligne. Dites «pouvez-vous m'attendre et nous ferons une pause/un goûter/lirons un livre ensemble». Ça aide. Ils savent que vous reviendrez, vous ne les ignorez pas. Et puis c’est plus facile si on sait que ca va être chouette si on est patients. Ou alors : planquez les lapins.
Stop! Arrêtez-vous quelques minutes tous les quarts d'heure, plus longtemps si ça passe ( ça passe pas avant 7 ans). Arrêtez-vous et asseyez-vous avec eux, parlez, montrez que vous êtes là pour eux. Commencez une autre activité avec eux, puis laissez-les continuer seuls. Faites une petite pause ensemble. C'est bon pour les adultes aussi. La pause café avec un chouchou, c’est de la balle.
Répondez TOUJOURS quand ils ont une requête. C'est la règle NUMERO UN pour travailler à la maison avec des enfants. Soyez là à la minute où ils demandent, parlent, éternuent, peu importe. Soyez collants comme un vieux marshmallow. Les enfants comme les chats, ils veulent votre attention mais n'aiment pas trop d'attention. Câlinez, riez, mouchez, écoutez autant que nécessaire, aussi souvent que nécessaire. Ça transforme le pensum en bons souvenirs, et vous serez surpris du calme qui suit.
Suivez un emploi du temps strict. L’être humain aime sa routine. Ça aide.
Au fait, règle stricte: les devoirs avant de jouer, toujours. Croyez-moi, c'est plus simple de cette façon.
Notez quand ils ont tendance à être les plus concentrés dans le jeu ou le travail et utilisez ce temps pour planifier le vôtre.
Temps de sieste ou pause calme. Oui, même pour les enfants plus âgés. Utilisez les premières heures de l'après-midi pour la sieste. Restez avec eux et travaillez sur votre ordinateur portable, votre téléphone ou votre Ipad. Faites une petite sieste aussi, si vous le pouvez. Comme ça, vous pouvez travailler la nuit quand ils sont au lit. Vous pouvez aussi instaurer un temps de lecture en fin d’après midi, profitez en vous aussi!
Partagez la garde, si vous le pouvez, avec un calendrier strict et convenez-en ensemble. Mon mari, mon héros préféré, revenait du boulot, prenait une grande respiration,réclamait son fils à grands cris, et s'occupait du bain ou du dîner avec un ourson affamé dans la cuisine. Je reprenais, un peu plus fraiche, l'heure du coucher et la demi-heure d’histoire.
Trouvez le bon moment pour le temps d'écran. En fin d'après-midi, quand tout le monde est épuisé, je faisais de la place sur mon bureau pour jouer tranquillement pendant que je travaillais, et de la place sur mon écran d'ordinateur pour des dessins animés que je pouvais gérer (pas Caillou): Oswald, Pocoyo, Totoro, Sam Sam, ce genre de choses. Juste avant le dîner, c'est l'heure dangereuse, celle que j'appelle l'heure des urgences. C’est quand les enfants sont fatigués et trop excités, que les accidents se produisent.
En milieu d'après-midi, faites une pause exercice. Avec de la chance, vous avez accès à un jardin, sinon, la gym à la maison ça peut être rigolo, et faire le ménage ensemble c’est physique, si si.
Évitez de crier, de taper ou même de vous énerver à tout prix, y compris (mais pas seulement) au point d’aller faire des exercices de respiration dans la salle de bain, de vous bourrer en cachette de chocolat (j’ai une réserve planquée), ou de déclarer clairement "Mama/Papa a besoin d'un moment de calme, maintenant". Enervez-vous, criez et cela se retournera contre vous plus rapidement qu'un boomerang peut tuer un kangourou. Ca ne veut pas dire qu’il faille être laxiste, bien au contraire, il faut résoudre les problèmes en étant strict au besoin, mais dans le calme.Si on est calme, les enfants sont calmes.
Inside voice. C’est un truc américain, que j’ai appris d’une baby sitter, et c’est le meilleur outil éducatif qu’on m’aie jamais donné. L’”inside voice” c’est la voix pour l’intérieur de la maison. Dehors on a le droit de crier, de parler fort, à tue-tête meme. Dedans on ne parle pas fort et puis c’est tout. Si vous avez besoin de lâcher la pression : ouvrez la fenêtre et chantez!
Laissez les enfants utiliser Skype, Whatsap ou Zoom pour parler avec leurs copains. Ils ont besoin, eux aussi, d’avoir une vie sociale. Mon fils a aussi commencé à échanger des petits mots et des dessins avec nos petits voisins qui sont plus jeunes que lui. Respectez les règles d’hygiene nécessaires, mais faites le, c’est chouette d’être ensemble meme si on ne peut pas se retrouver.
Un jour ou l’autre ça va revenir à la normale…en attendant, on peut peut-être, même confinés, créer de bons souvenirs.
Love, Delphine